Les différences entre hiver et été : 1000 ha d’eau libre l’été avec 2 350 ha en roselière et levis.
Ce que les riverains appellent les " fonds " est en fait une partie marécageuse située entre l’eau libre du lac et les marais exploités. Les fonds peuvent s'assécher selon la sécheresse de l'été.
Soit en été 3 350 ha à l’intérieur de la douve de ceinture du lac qui appartenaient autrefois à la famille de Juigné.
Le reste des marais qui sont actuellement exploités et le reste des fonds, soit en tout (3150 ha) étaient propriété de la noblesse locale de St Philbert de grand lieu principalement.
En hiver le lac change totalement d’aspect, il a depuis les années 1960 une superficie de 5250 ha à la cote 2.35m Buzay (hauteur du vannage de Bouaye) dont 90% cadastrée sur St Philbert) recouvrant donc la roselière et les marais exploités. Par contre à la cote 4 m Buzay le Lac fait 8750 ha avec les 2250 ha de la vallée de l’Acheneau qui redevient partie intégrante du Lac. En hiver également les levis peuvent flotter et se déplacer sur le lac au gré du vent.
BUZAY = NGF + 45 cm
Le lac reçoit les eaux de ruissellement de 70 000 ha de bassins versants et son niveau d’été et d’hiver est imposé par l’homme grâce à plusieurs vannages depuis 1712.
Le niveau moyen normal et naturel d’été de 1,6m s’élève jusqu’à 3m en moyenne l’hiver (cote buzay).
Cependant en année très sèche, le lac peut redescendre malgré les interventions de l’homme jusqu’à 1,12 m et remonter à 4,55 m cote Buzay par année de pluviométrie hivernale exceptionnelle.
Il est arrivé toutefois que le 7 juillet 1977, le lac soit monté à 3.80m Buzay suite à un violent orage.
C’est en 1712 qu’a été fondée la société du canal de Buzay, à la demande des propriétaires qui n’avaient pas pu exploiter leur marais depuis cinq ans et qui se plaignaient aussi de l’odeur nauséabonde provenant de l’eau croupissante, des moustiques et du paludisme.
La société avait alors pour but de favoriser l’écoulement des eaux de printemps et pour ce faire de créer un canal entre Messan et Buzay avec des écluses. Ils ont donc fait sauter une butte de terre qui freinait l'écoulement naturel du lac dès le printemps.
Les travaux furent achevés en 1772.
Les nouveaux moyens de locomotion apparaissent (charrette, chevaux ...). Une chaussée digue devient alors nécessaire. Celle-ci d'une longueur de 1.5 Km est alors construite en 1840 sur ordonnance de Napoléon à une hauteur de 3.60-3.70m Buzay . Elle permet de relier Bouaye à ST Mars de Coutais pour faciliter les échanges commerciaux avec Nantes et le déplacement des riverains.
En contre partie , pour l'écoulement de l'eau et pour l'accès de la batellerie commerciale à travers le lac, un canal de navigation dit "canal de l'étier" est creusé dans la partie nord du lac avec un pont de franchissement sur la dite chaussée-digue.
Les différents objectifs de l'époque furent atteints et cela a fonctionné parfaitement jusque dans les années 1950 :
- disparition du paludisme
- exploitation extensive des marais l’été par fauchage et pâturage
- et la vallée de l’Acheneau faisait toujours partie intégrante du lac de grand lieu
(Port ST Père et Saint léger faisait alors parti du lac de grand lieu)
Parallèlement dans les années 1950, l’industrialisation, le développement du maraîchage , la culture intensive et l’urbanisation deviennent grandes consommatrices d’eau douce . Il devient nécessaire d’en réguler l’utilisation notamment lors des fortes variations saisonnières des niveaux d’eau.
Un vannage a alors été construit à la cote 2.38m Buzay sur le canal de l'étier au niveau du pont de franchissement, au ras de la chaussée digue.
Dans le même temps, on a fait disparaître les seuils rocheux de Messan et de Pilon
Ainsi l'hydraulique naturel du lac a considérablement été modifié.
Grand lieu fut ainsi amputé de sa "queue" et la vallée de l'Acheneau ne fait alors plus partie intégrante du lac. Mais celle-ci peut le redevenir par année de forte pluviométrie quand le niveau d'eau dépasse 3.70 m Buzay
(voir page 149 du livre vert "vérités et réalités " 1999)
Photo : vannage de Bouaye
Ainsi, l’union des syndicats des prés-marais de sud Loire fut crée. D’importants travaux d’aménagements furent réalisés :
- le rabaissement du seuil rocheux qui régulait le niveau naturel du lac l’été
- le recalibrage de la vallée de l’Acheneau
- l’installation d’un vannage entre Grand- Lieu et la rivière " le tenu "
la réalisation d’une station de pompage et de relevage entre ST Même le Tenu et Machecoul
Le procédé consiste à prendre de l’eau hivernale de la Loire jusqu’à la mi-juillet (grâce à la fonte des neiges qui alimente la Loire) à marée basse et, à la propulser par le canal de la Martinière puis l’Acheneau par gravité jusqu’à St Même où les pompes électriques de la station de pompage la hissent de 3 m pour alimenter le maraîchage de Machecoul et les nappes phréatiques de cette région (voir " le canal de la Martinière édition de mémoire de loic Abed p55 sous la houlette du maire de Machecoul de l'époque Jean de Grandmaison).
Or la salinité ne doit pas dépasser 1 g/L pour les cultures, ce qui s’avère être un problème pour les gestionnaires de l’hydraulique.
Grâce à l’arrêté ministériel du 28 mars 1996 qui autorise des niveaux d'été élevés, les vannes de Bouaye permettent à l’eau douce du lac de baisser la salinité de l’eau de Loire piégée dans l’Acheneau avant d’être renvoyée sur Machecoul.
Déjà en 1965 un arrêté préfectoral a posé un problème pour l’environnement: le niveau du lac devait descendre à 1.85 m l’hiver au lieu des 3m naturels , ce qui avait permis à l’époque de répondre aux besoins la culture intensive autour du lac et principalement au bord de l’Acheneau , et d’urbaniser excessivement les zones humides sur Grand Lieu par ces différents aménagements, le lac est donc coupé de la vallée de l’Acheneau et celle-ci devient un réservoir tampon entre la Loire (par le canal de la Martinière) et les marais de Machecoul.
Mais quoi qu'il en soit, quand la Loire est en crue, elle est plus haute que le lac . On ne peut pas le vidanger par les vannages. Ainsi celui-ci reprend il ses allures naturelles et reprend ses droits sur les zones urbanisées récemment de nombreuses inondations surviennent.
Un dicton bien connu dit pourtant : " là où l'eau est passée, elle repassera"!
Station de pompage de Machecoul sur la rivière " Le Tenu " pour remonter l’eau de la rivière L’Acheneau vers le maraîchage du secteur de Machecoul via le Tenu l’été, ce qui permet à ces deux cours d’eau d’être les seuls de France à couler dans les 2 sens suivant les besoins humains ou naturels.
Une bonne gestion hydraulique doit tenir compte des aléas de la nature, pluviométrie, évaporation, écoulement etc…, car de la logique et du bon sens de cette gestion dépendent les surfaces inondées par les crues et donc les volumes d'eau stockés dans le bassin pour la réalimentation des sources et nappes phréatiques, pour le bon fonctionnement du rôle naturel d'épuration d'une zone humide, pour avoir des conditions optimales de réussite de la reproduction piscicole, faunistique, et un bon épanouissement floristique, sans oublier les conditions de vie à l'année de toute la flore et la faune sédentaire ou migratrice.
Depuis une quinzaine d'années, les lois littoral et sur l'eau, régissent tous ces points et obligent à des gestions normalement rigoureuses qui devraient aller vers le bon sens et la logique.
A Grand-Lieu les surfaces et donc les volumes d'eau peuvent varier dans des conditions extrêmes, à titre indicatif, voici quelques valeurs officielles des surfaces et volumes par rapport au niveau d'eau de ce site sachant qu'un niveau normal moyen d'été se situe aux environs de 1.65 m côte Buzay avec 1000 ha d'eau libre au cœur du Lac, pour un niveau moyen d'hiver de 3 m Buzay. En sachant que le niveau peut descendre jusqu'à environ 1.10 Buzay par année très sèche, pour monter jusqu'à 4.55 m Buzay par très fortes crues (valeurs extrêmes et exceptionnelles, 2 à 3 fois par siècle).
A Grand-Lieu, pour le respect des lois sur l'eau et littoral, l'hiver, si la nature le permet l'eau doit être conservée à une côte d'environ 2.96 m Buzay, côte enfin reconnue officiellement par l'administration comme côte de référence l'hiver.